Le chemin dédié à sainte Marie-Madeleine est porté par la Tradition des Saints et Saintes de Provence, elle-même fondée sur l’arrivée par mer de proches de Jésus, dans les années 42-43 de notre ère. Il y a Marie-Madeleine, sa sœur Marthe et son frère Lazare, Marie-Salomé et Marie-Jacobé, tous personnages des Evangiles, Sara qui est mentionnée dans les écrits apocryphes en compagnie de Marthe et de Marie-Madeleine. La tradition cite également Trophime ainsi que Marcelle et Maximin, l’une comme servante de Marthe et l’autre comme intendant de Lazare.
Jésus est mort et ressuscité, ce dont les Saintes Femmes ont été témoins. Les disciples de Jésus sont persécutés : Etienne a été lapidé, Hérode le Grand fait décapiter Jacques, le fils de Marie-Salomé. Et ensuite ? Que s’est-il passé ? Les écrits et l’histoire ne disent rien de ce qu’il advient de ces « amis de Jésus » si importants dans les Evangiles : mille ans de silence.
En revanche, l’histoire atteste la présence d’une forte communauté chrétienne à Lyon, persécutée dès 177. Des documents mentionnent une Eglise qui s’organise dès le III° siècle et qui devient florissante aux IV° et V° siècles dans l’ensemble de la Provence avec des figures emblématiques comme Jean Cassien, Honorat, Césaire. Le message chrétien est probablement arrivé en Gaulle au 1er siècle par les voies commerciales dont celle entre la Terre Sainte et l’avant-port d’Arles que les fouilles menées par Luc Long ont découvert en 2011, immergé à 1km du rivage des Saintes-Maries-de-la-Mer.
La tradition s’épanouit dans le vide laissé par l’histoire pour ancrer l’évangélisation de la Provence dans la présence physique des disciples du Christ. Elle repose sur un manuscrit du VIII° siècle attribué à Raban-Maur, évêque de Mayence et sur les vies de Saints qui fleurissent du IX° au XIII° siècle, dont la Légende dorée du dominicain Jacques de Voragine.
Elle présente le petit groupe de disciples arrivant en barque sur la côte de Camargue, au niveau de l’actuel village des Saintes-Maries-de-la-Mer. Salomé et Jacobé restent sur place avec Sara, Marthe part vers Avignon puis Tarascon, Lazare, Maximin et Marie-Madeleine vont vers l’est. Maximin séjourne à Aix avant d’aller à Saint-Maximin. Lazare pousse jusqu’à Marseille, accompagné par Marie-Madeleine qui s’arrête aux Aygalades avant de rester sept ans dans l’actuel centre de Marseille où elle prêche. Elle se retire ensuite dans la bienheureuse solitude contemplative de la Sainte-Baume et meurt à Saint-Maximin.
Le regard de l’historien sur les modalités d’implantation des racines chrétiennes de la Provence diffère de celui du tenant de la tradition, l’un se fondant sur ce qui est démontré par les documents écrits ou archéologiques, l’autre sur l’héritage d’une transmission orale depuis le 1er siècle.
Culturellement, cette tradition fait partie des racines profondes de la Provence et de la Camargue. Elle donne vie à un riche patrimoine, elle est palpable dans les fêtes qui témoignent de la culture provençale, éclatante dans les nombreux pèlerinages où l’on vient se rassembler « au soleil » d’un grand sanctuaire ou d’une humble chapelle.
« Les chemins de l’histoire, commencée au XII° siècle, et de la Tradition, commencée au Ier siècle, ne sont pas les mêmes, mais se rejoignent devant ce qui est : des lieux sacrés dont tout le monde a besoin. » (Naissance de la Provence chrétienne Yves Bridonneau)